Prévention nutritionnelle contre le cancer

Des connaissances scientifiques aux recommandations nutritionnelles

Pour toute personne sensibilisée à son alimentation, il vient naturellement à l’esprit de savoir comment lutter contre toute forme de maladie. Le cancer est sans doute l’une des maladies sur lesquelles il existe le plus de littérature quant à sa prévention, notamment par l’alimentation.

Comment s’y retrouver ? Comment faire la part de ce que l’on sait aujourd’hui et des conseils essaimés à qui voudront bien le croire que tel ou tel aliment est bon ou un facteur aggravant pour l’apparition ou la lutte contre le cancer ?

Voici mes conseils sur une alimentation pour se prévenir de nombreuses formes de cancer. Afin de rédiger cet article je me suis notamment basée sur une étude du réseau NACRE (Réseau National Alimentation Cancer Recherche). Elle est soutenue par un réseau de 44 laboratoires et 200 scientifiques de recherche publique créé en janvier 2000 et a donné ses résultats en 2006. Le réseau bénéficie du soutien de l'INC (Institut National du Cancer) et de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).

Le cancer, une maladie à facteurs de risque multiples :

Le cancer est une maladie multifactorielle :

  • Il peut être d’origine génétique
  • Il peut dépendre du mode de vie : le tabac, une mauvaise alimentation ou une exposition trop importante aux UV… peuvent être néfastes
  • Il peut venir de notre environnement naturel ou domestique : radon, certains agents infectieux, certains produits chimiques …
  • Il peut être lié à un environnement professionnel particulier : présence de produits chimiques, de rayons ionisants …

Les résultats

Environ 1/3 des cancers les plus communs dans les pays développés et 1/4 dans les pays en voie de développement pourraient être évités grâce à un changement de mode de vie (alimentation, protection contre le soleil, tabac…).

Les facteurs réduisant le risque des cancers

Activité physique

  • Efficacité
    • Convaincante : cancer du côlon
    • Probable : sein (post ménopause), endomètre
  • Recommandations
    • Limiter les activités sédentaires
    • Chez l’adulte : pratiquer au moins 5 jours par semaine au moins 30 min d’activité d'intensité modérée comparable à la marche rapide ou pratiquer 3 jours par semaine 20 min d’activité physique d’intensité élevée comparable au jogging
    • Chez l’enfant et l’adolescent : pratiquer un minimum de 60 min par jour d’activité d’intensité modérée à élevée.

Fruits et légumes

  • Efficacité
    • Probable (fruits) : bouche, pharynx, larynx, œsophage, estomac
    • Probable (légumes): bouche, pharynx, larynx, œsophage, estomac, poumon
  • Recommandations
    • Consommer chaque jour au moins 5 fruits et légumes variés pour atteindre au minimum 400 g par jour
    • Consommer aussi chaque jour d’autres aliments contenant des fibres (aliments céréaliers peu transformés et légumes secs)
    • Satisfaire les besoins nutritionnels par une alimentation équilibrée et diversifiée sans recourir aux compléments alimentaires

Allaitement

  • Efficacité
    • Convaincante : sein
  • Recommandations
    • pour la mère et l’enfant, allaiter son enfant si possible de façon exclusive et idéalement jusqu’à l’âge de 6 mois

Les facteurs augmentant les risques de cancers

Boissons alcoolisées

  • Facteur aggravant
    • Convaincant : bouche, pharynx, larynx, œsophage, colon rectum, sein
    • Probable : foie, colon- rectum
  • Recommandations
    • La consommation d’alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson alcoolisée (vin, bière, spiritueux…).
    • Ne pas inciter les personnes abstinentes à une consommation d’alcool régulière, même modérée, car toute consommation d’alcool régulière est à risque.
    • En cas de consommation d’alcool, limiter la consommation autant que possible, tant en termes de quantités consommées que de fréquence de consommation. En cas de difficulté, envisager un accompagnement et éventuellement une prise en charge.
    • Les enfants et les femmes enceintes ne doivent pas consommer de boissons alcoolisées

Surpoids et obésité

  • Facteur aggravant
    • Convaincante : œsophage, endomètre, sein, colon rectum, pancréas, sein (post ménopause)
    • Probable : vésicule biliaire
  • Recommandations
    • Maintenir un poids normal (IMC entre 18,5 et 25 kg/m2).
    • voir les recommandations concernant l’activité physique plus haut
    • Consommer peu d’aliments à forte densité énergétique et privilégier les aliments à faible densité énergétique tels que les fruits et légumes.
    • Une surveillance régulière du poids est conseillée (se peser une fois par mois).
    • Pour les sujets présentant un surpoids (IMC >25 kg/m²), une obésité (IMC >30 kg/m²) ou un gain de poids rapide et important à l’âge adulte, un accompagnement et une prise en charge par un diététicien sont à envisager.

Viandes rouges et charcuteries

  • Facteur aggravant
    • Convaincante : côlon rectum
    • Probable : colon rectum
  • Recommandations
    • Limiter la consommation de viandes rouges à moins de 500 g par semaine.
    • Pour compléter les apports en protéines, il est conseillé d’alterner avec des viandes blanches, du poisson, des œufs et des légumineuses.
    • Limiter la consommation de charcuteries, en particulier celle des charcuteries très grasses et/ou très salées.
    • En cas de consommation de charcuteries, réduire autant que possible la taille des portions et la fréquence de consommation

Sel et aliments salés

  • Facteur aggravant
    • Convaincante : estomac
    • Probable : sein (post ménopause), endomètre
  • Recommandations
    • Limiter la consommation de sel en réduisant la consommation d’aliments transformés salés (charcuteries, fromages…) et l’ajout de sel pendant la cuisson ou dans l’assiette.

Compléments alimentaires à base de bêta carotène

La consommation en bêta carotène à forte dose ne diminue pas le risque de cancer.

  • Facteur aggravant
    • Convaincante : poumon chez des personnes exposées à des facteurs de risque (tabac, amiante)
  • Recommandations
    • Ne pas consommer de compléments alimentaires à base de bêta-carotène. Sauf cas particuliers de déficiences et sous le contrôle d’un médecin, la consommation de compléments alimentaires n’est pas recommandée. Il est conseillé de satisfaire les besoins nutritionnels par une alimentation équilibrée et diversifiée sans recourir aux compléments alimentaires.

Conclusion : vers une meilleure hygiène de vie pour renforcer l'efficacité d'une alimentation saine

Une alimentation saine sera d'autant plus efficace si vous réduisez par ailleurs les facteurs de risques

  • Réduire la consommation de boissons alcoolisées
  • Avoir une alimentation équilibrée et diversifiée
  • Pratiquer une activité physique et régulière
  • Sans oublier que le tabac est le premier facteur de risque évitable. Une étude récente tends à montrer que les fumeurs non seulement augmentent le risque de développer un cancer, mais qu’ils renversent le bénéfice des caroténoïdes (que l’on trouve abondamment dans les fruits et légumes), en augmentant le risque de cancer du côlon en les ingérant !

A savoir :

  • Il n’est jamais trop tard pour commencer !
  • S’engager sur la durée
  • Se fixer des objectifs de progrès étape par étape
  • Ne pas en faire trop !
  • Se faire plaisir